Faire les bons choix : comment déverrouiller sa pensée ?

L’art de prendre de bonnes décisions, dans sa vie professionnelle comme dans sa vie privée, n’est pas de tout repos. Loin des sentiers bien sages, des tableaux de suivi et des raisons cadrées, l’entrepreneur se fait parfois serrurier : il doit déverrouiller sa pensée et emprunter des chemins inédits. Cet exercice est peut-être celui qui est le plus angoissant dans le parcours d’une entreprise individuelle : jusqu’à quel point faire confiance en son intuition ? Comment être certain que nos choix ne sont pas des erreurs d’aiguillage ? Comment mener une réflexion jusqu’à son terme et prendre les bonnes orientations ? En effet si un dirigeant de micro-entreprise ou une personne en reconversion professionnelle peuvent s’entourer de conseils et s’inscrire dans une logique de réseau pour rompre leur isolement, il n’en demeure pas moins qu’au final, les décisions à prendre leur appartiennent, avec toutes les responsabilités afférentes.

Je n’ai aucune réponse arrêtée sur ces questions mais quelques pistes issues de réflexions actuelles, au moment où, en reprise d’activité après un congé maternité, je m’interroge sur les orientations de ce qu’il est convenu d’appeler (sortez les tambours) mon « offre de services ». Voici donc 4 méthodes, testées et appliquées, pour faire sauter les verrous.

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Se tenir à l’écart des briseurs de rêves

Vous les croisez à la machine à café, dans les repas de famille ou sur les réseaux sociaux : ils ont les mots « impossible », « irréaliste » ou « inapplicable » au coin des lèvres et semblent vous attendre au tournant. Il n’y a selon eux qu’un seul chemin pour se rendre d’un point A à un point B et ils se méfient des esprits taquins ne roulant pas sur les bons rails.

A leur décharge, il faut rappeler que jusqu’à récemment prévalait l’idée selon laquelle le cerveau cessait d’évoluer une fois atteint l’âge adulte. Désormais, les connaissances acquises sur la plasticité cérébrale ont permis de comprendre certains des mécanismes par lesquels le cerveau est capable de se modifier par l’expérience. Philippe Lambert (« La plasticité cérébrale », Sciences Humaines, Juin-juillet 2006) indique ainsi :

En réglant son organisation fine au gré des expériences vécues par l’organisme, la plasticité est le gage de notre adaptabilité et de notre individuation.

Il est donc possible de rêver à un exercice perpétuel, tout au long de notre vie, de nos capacités cérébrales, y compris en cas d’atteinte physique ou de mauvaise expérience. Nous pouvons continuer d’apprendre et même nous réparer, notre cerveau est fait pour cela. Nous pouvons aller d’un point A à un point B de mille et une façons différentes.

De même, de nombreux évènements que nous considérons comme « heureux » n’arrivent pas tout à fait par hasard. Ils sont directement liés à nos actions et à la vision du monde que nous adoptons. Laissez-donc les briseurs de rêves ruminer dans leur café-crème.

Ôter les oeillères de cette satanée peur de l’échec

Cette vision pessimiste du monde prendrait corps dans notre culture et notre éducation. Comme le souligne Amandine Johais dans un billet riche de propositions (« La culture de l’échec : état des lieux et pistes », Webescence, 13 novembre 2014) :

Si les individus se laissent parfois autant toucher voire détruire par l’échec, c’est que celui-ci prend racine dans un riche terreau fait de manque de confiance et d’estime de soi souvent défectueuse. J’irai même jusqu’à dire qu’il réveille des blessures passées et qu’en situation d’échec, on se placera certainement dans la posture que nous avons été entraîné-e à adopter par le passé.

Des émotions comme l’angoisse ou la culpabilité par rapport à d’anciennes orientations malheureuses jouent ainsi un rôle inconscient dans la mécanique de prise de décision. L’une des attitudes communément partagée serait alors l’aveuglement (« je vais bien, tout va bien ») : par peur de l’échec, on s’acharne dans l’erreur en se disant que notre investissement finira par payer. Or en changeant notre point de vue sur l’erreur, en la prenant en compte sereinement comme une occasion d’apprentissage, non seulement nous apprenons et faisons travailler notre plasticité cérébrale, mais en plus nous développons une qualité de présence à nous-mêmes.

Ecouter ses émotions, ses oui et ses non 

Dans le processus de décision, les émotions ne sont pas ennemies de la raison. Au contraire, elles constituent un système d’alerte qui, s’il est entendu, peut nous apporter des informations précieuses sur une situation donnée. Et nous faire agir. Emouvoir, movere en latin, veut également dire « mettre en mouvement ». Tenir compte de nos émotions, de nos ressentis face à une situation, un projet ou une interaction, est susceptible de nous en apprendre beaucoup sur nous-même, notre histoire et notre être-au-monde. Soyez certain qu’en votre for intérieur, votre intelligence émotionnelle sait quelle est la bonne décision. Pourquoi ne pas l’accueillir avec bienveillance ?

Respirer en plein air !

Il existe plusieurs activités qui peuvent au quotidien nous aider à cultiver cette qualité d’écoute. La pratique de la méditation, de la marche ou de la course à pied, de tout mouvement corporel mettant en jeu la respiration et le rapport au grand air, permet ainsi de s’inscrire dans le temps présent, de calmer la saturation de la pensée papillonnante.

Si vous ruminez, que tout est flou et que vous ne savez pas quelle décision prendre, sortez prendre l’air. Ce qui fonctionne avec les enfants agit aussi efficacement avec les adultes : notre cerveau est mieux irrigué et oxygéné, quelques mouvements en plein air nous libèrent du stress et permettent de voir une situation sous un nouveau jour. La bonne décision émergera de cet équilibre entre concentration et mouvement.

 Personnellement je n’y arrive pas toujours… mais j’y travaille !

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